Par intervenant > Tersigni Simona

Evangélismes et espaces de contention dans un quartier périphérique strasbourgeois
Simona Tersigni  1@  
1 : tersigni  (SOPHIAPOL)  -  Site web
EOS
stersigni@u-paris10.fr -  France

Aujourd'hui les débats centrés sur l'excessive visibilité de l'islam dans l'espace public en France sont comparables, bien qu'à un degré différent, aux inquiétudes suscitées par le catholicisme « ostentatoire » des immigrés européens de la période antérieure (fin xixe-premières décennies du xxe siècle). Ainsi, l'inscription dans une religion plutôt que dans une autre ne modifie pas sensiblement les données du problème : les jugements rapides qui pèsent sur toute religion alimentent l'idée de sens commun selon laquelle l'immigration est source de problèmes en soi. Toutefois, un même groupe a pu, à un moment donné, être renvoyé à ses spécificités « raciales » ou « ethnico-religieuses ». A présent, ce n'est pas seulement parce que l'on ne dénombre pas autant de protestants que de musulmans parmi les primo-migrants et les groupes itinérants que les pratiques des premiers sont quasiment invisibles dans l'espace urbain, tandis que celles des seconds sont constituées en problème public majeur. Ce constat nous conduira à questionner l'influence du contexte (local, national, régionalisé) sur les dynamiques religieuses et ethnico-raciales, à partir d'une enquête monographique en cours à Strasbourg, portant sur les enfants et adolescents primo-migrants ou itinérants ainsi que sur les adultes en charge d'eux (MIGRITI, financement de l'Université Paris Lumière).

Dans un premier temps, cette communication entend retracer les successives appropriations religieuses (musulmane, évangélique rom et pentecôtiste ghanéenne) qui se sont alternées dans un lieu de culte initialement dévolu aux protestants du quartier strasbourgeois du Polygone. Situé aux marges de la ville et ayant accueilli, depuis au moins un siècle, des familles de bateliers, immigrées (européennes, nord-africaines, subsahariennes notamment) et itinérantes, ce quartier fait l'objet, depuis 2010, d'un projet de rénovation urbaine qui n'a aucunement modifié le lieu de culte évangéliste situé près du terrain des mobil home. Ainsi, dans cette conjoncture de relogement des familles itinérantes dans des petites maisons en dur (et de progressif abandon des mobil home), il s'agira de décrire les mobilisations ordinaires autour du religieux que les différents groupes de Manouches alsaciens, de gitans espagnols et de Roms roumains présents dans ce quartier activent auprès de la municipalité. Dans un second temps, il importera ainsi de montrer en quoi des formes d'ethnicisation ou de racisation s'entremêlent avec le référentiel religieux de ces mobilisations portées par des pasteurs évangélistes du quartier. Ces derniers, à l'instar des travailleurs sociaux, font figure d'intercesseurs auprès des pouvoirs publics.


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