Mon intervention sera dédiée à la manière de définir l'identité du peuple juif à l'âge moderne. Je souhaiterais montrer ici que la définition de l'identité juive dans ce contexte historique tient tout d'abord à la reconnaissance d'un modèle social et civil spécifique considéré telle une cause essentielle de la fortune et de la force du judaïsme dans l'histoire en tant que religion. Cette subordination du religieux au politique et, de manière plus générale, la référence élective au peuple d'Israël trouve une première expression au XVIème et XVIIème siècle. Mais ce sont les grands protagonistes intellectuels du XVIIIème siècle tel qu'à titre d'exemple, Voltaire ou Rousseau, qui offrent néanmoins et sans doute, en des termes voués à une très large réception au cours des débats successifs, une formulation emblématique de ladite subordination. Car au-delà de différences notables dans leurs conceptions, les grands protagonistes des Lumières partagent en effet la reconnaissance et la légitimation de l'existence d'une spécificité unique, et pour certains d'entre eux, d'une spécificité envisagée comme potentiellement dangereuse du peuple juif. Spécificité enfin, qui relève aussi bien, et directement, de la religion que des institutions civiles, sociales et économiques.