Si la question de l'entremêlement entre ethnicité, race et religieux se pose particulièrement dans l'expérience des conversions à l'islam, celle-ci devient encore plus déterminante en ce qui concerne les groupes ou individus cessant d'être musulman-e-s. À partir de terrains issus de ma thèse en sociologie, « Ce que « musulman » veut dire aujourd'hui en France», nous analyserons donc les décompositions/recompositions en jeu dans ce changement. En effet, que ce soit vers l'athéisme ou toutes autres religions, une majorité évoque les difficultés rencontrées pour cesser, en France, d'être musulman-e-s. C'est pourquoi, la question de l' «ex », de la sortie et du dehors mène à penser les processus de racisation et d'ethnicisation de la catégorie « musulman ».
Que ce soit d'un point de vue théorique ou pratique, cesser d'être musulman-e-s vient interroger autant la manière de nommer, parler, s'habiller, manger, se présenter, transmettre, éduquer, vivre son quotidien, ou encore reconstruire les relations familiales, celles de voisinage, voire les liens avec les pays d'origine. Nous constaterons alors que les individus ou les groupes tentent de cliver leurs (non-) appartenances religieuses d'une ethnicité ou nationalité toutes deux assimilées à la catégorie « musulman » ; le plus souvent arabe, maghrébine ou subsaharienne. C'est en ce sens que se construit aussi des processus de déracisation et désethnicisation portés par les individus et groupes eux-mêmes. Entre une possible acculturation/reculturation, de la « conversion à l'islam » à la « conversion de l'islam », ce sont donc les frontières que nous observerons.