La figure de la femme musulmane voilée cristallise les tensions et l'interpénétration des processus de racialisation du religieux et de confessionnalisation de l'ethnique tout en y agrégeant une autre donnée, liée mais autonome, la question du genre. Il existe des territoires de matérialisation de cette intersectionnalité. Ce qui est communément appelé « banlieue » en en est quelque sorte l'idéaltype puisque la « concentration » dans cet espace de ce qui est présentée comme « l'altérité » n'est pas anodine. Ces lieux deviennent en effet de véritables catalyseurs de l'ensemble des « plaies » sociales ou « problèmes publics » tels que le machisme, –qui découlerait de la « culture » de ses habitants, mais aussi de leur religion voire de leur civilisation-, l'antisémitisme, la délinquance, la « radicalisation » religieuse, l'assistanat, l'échec scolaire et bien d'autres. Dans cette communication il s'agira de cette façon, d'analyser les processus de concaténation des identités et leur territorialisation à des fins stratégiques, celle de dédouaner un système socio-politique en créant un épouvantail;le jeune musulman arabe ou noir des banlieues ou son pendant la jeune musulmane voilée opprimée ou provocatrice. L'émergence d'un racisme ou d'une islamophobie présentée comme « respectable » ne peut se comprendre alors qu'à l'aune de ces dynamiques plurifactorielles.